Quelle journée ce fut ! Nous longeâmes la petite rivière, de bassins silencieux en rapides chantants, et tout autour de nous montaient les trilles légers et mélodieux qui étaient les voix des fleurs. Chaque courbe apportait une nouvelle vision de beauté, chaque instant une nouvelle sensation de délices. Nous bavardions ou nous nous taisions ; quand nous avions soif, la fraîche rivière était à portée de nos mains ; quand nous avions faim, des fruits s'offraient d'eux-mêmes. Quand nous étions fatigués, il se trouvait toujours un bassin profond et une berge moussue, et une fois reposés, une beauté nouvelle nous attirait. Les arbres incroyables dressaient leurs innombrables formes fantaisistes, mais de ce côté de la rivière s'étendait toujours la prairie constellée de fleurs-étoiles musicales. Galatée me tressa une couronne de boutons éclatants, et désormais un chant doux et mélodieux accompagna mes pas. Cependant, peu à peu l'immense soleil de sang plongeait vers la forêt, et les heures s'écoulèrent. J'en fis la remarque et, à contre-coeur, nous rebroussâmes chemin.
Comme nous retournions, Galatée se mit à chanter une étrange mélodie, plaintive comme le murmure de la rivière, ou douce comme la musique des fleurs.