Et, de nouveau, son regard s'emplit de tristesse.
— Quelle est cette chanson ? demandai-je.
— Elle était chantée par une jeune femme disparue, qui était ma mère.
— Comment s’appelait-elle ?
Elle me fixa de ses yeux tristes.
— Les noms sont-ils si importants ? Celle à qui tu penses encore, ajouta-t-elle très doucement, celle que tu crois voir à travers moi, s’appelait-elle vraiment Galatée ?
Voyant mon trouble, elle posa une main sur mon bras.
— Je vais te traduire cette chanson, dit-elle, et elle chanta :
Pourquoi ne pas tourner les pages des livres
Les pages des livres et les tourner encore
Et les tourner encore à sa propre recherche
A sa propre recherche ou à celle d’un Dieu
Ou à celle d’un Dieu comme l’image en miroir
Comme l’image en miroir pour découvrir enfin
Pour découvrir enfin à la fin du voyage
A la fin du voyage que la rivière ment !
Sa voix se brisa sur les dernières notes. Le silence tomba, à peine rompu par le chant cristallin de l'eau. Je ne percevais plus la musique des fleurs.
— Galatée...
Elle avait le regard perdu, les yeux noyés de larmes. Je soufflai :
— C'est une bien triste chanson, Galatée. Pourquoi ta mère était-elle triste ? Ne disais-tu pas que tout le monde est heureux à Paracosma ?