Presque instantanément, sembla-t-il, l'aurore fut là et tout autour de moi s'éveillèrent des sons mélodieux, tandis que le curieux soleil géant projetait en travers de la pièce un long rayon diagonal.

Je me levai, aussi conscient de ce qui m'entourait que si je n'avais pas dormi du tout ; le bassin me tenta, et je me baignai dans l'eau piquante. Puis je passai dans la grande pièce, en remarquant, avec curiosité, que les globes luisaient toujours, rivalisant avec le jour. J'en touchai un distraitement ; il était aussi froid que du métal, et n'était pas fixé à sa base. Pendant quelques instants, je tins entre mes mains la froide sphère flamboyante, puis je la reposai et sortis dans le jour naissant.

Galatée dansait dans l'allée, mangeant un fruit inconnu aussi rose que ses lèvres. Elle avait recouvré sa gaîté, elle était de nouveau l'heureuse et insouciante nymphe qui m'avait accueilli ; elle m'adressa un sourire éclatant tandis que je choisissais, pour mon petit déjeuner, un ovoïde vert sucré.

— Viens ! cria-t-elle. Allons à la rivière !

Elle partit de son pas dansant vers l'incroyable forêt ; je la suivis, m'émerveillant que sa vitesse légère fût égale à la mienne. Nous plongeâmes en riant dans le bassin, pataugeâmes en nous éclaboussant l'un l'autre, jusqu'à ce que Galatée se hisse sur la berge, toute rose et haletante. Je sortis de l'eau à mon tour et vins m'allonger auprès d'elle, surpris de n'être ni fatigué ni essoufflé, de n'avoir pas même l'impression de m'être dépensé.

Une question me revint à l'esprit, que je me souvenais ne pas avoir encore posée. Ou alors, était-ce plutôt cette autre interrogation qui me taraudait ?