— Foutez-moi la paix.

Je vis une ranger bouger. Ça y est, ils vont m’en balancer une autre.

J’attrapai le pied qui voulait me frapper, collai mon autre main sur le genou qui le surmontait, tournai l’ensemble vers le haut tout en me mettant sur pied. Le flicaillon tomba sur son collègue, qu’il cogna de la tête. Ils valdinguèrent tous deux dans les cartons.

Avant qu’ils aient le temps de s’en rendre compte, je me ruai sur le plus grand, arrachai son bâton d’assaut, fis quelques moulinets et les assommai proprement l’un après l’autre. Après une seconde, ils ne bougèrent plus.

Je me relevai, m’étirai, m’adossai au parapet. Ils en avaient pour un moment.

Je les recouvris de cartons, frottai mes vêtements de la main, remis un peu d’ordre dans ma tenue.

Personne à l’horizon. Ce n’était pas pour rien que j’avais choisi cet endroit.

Je regardai le fleuve, vingt mètres plus bas. L’eau claire courait, brillante, chargée de reflets, comme une jeune fille éperdue.

J’avais mal au crâne. Printemps… Pourquoi est-ce que je pensais au printemps ? Pourtant, on n’était pas au printemps… Certes non, il n’y avait pas de risque : je savais que le printemps – mon printemps – ne reviendrait jamais. Et je ne savais que trop bien pourquoi.

J’enjambai les corps, m’éloignai à pas lents.

 

Qu’est-ce que j’allais faire, maintenant ?

 

Tiens, il y avait un théâtre, dans la rue d’à côté.

Ou alors, une promenade au parc ?