Je poussai la porte. La salle était sombre, la scène plongée dans l’ombre.
Une voix retentit soudain.
— Il me revient de mon enfance certains souvenirs si agréables... Ce sont les seuls moments de ma vie où j'aie été heureux.
Un bruit de pas résonna dans l’obscurité, sonnant sur le plancher de la scène.
— Je déteste, dit une autre voix, ces moments ridicules où l'on s'apitoie sur soi-même. Il m'est arrivé aussi d'être heureux. Je regrette bien de ne plus l'être. Est-ce que j'en parle comme vous avec des tremblements dans la voix ?
La première voix reprit, pensivement.
— Il est vrai que vous paraissez plus fort que moi.
Il y eut un silence.
— Qu'est-ce que vous faites là, reprit la première voix, planté devant mon fauteuil ?
— Je n'en sais rien, dit l’autre voix, comme émergeant d’un rêve... Ça devait être prévu. Que pouvais-je faire d'autre ? C'est lui qui décide.
— S'il lui prenait la fantaisie de prévoir que… Jimenez, c’est bien votre nom ?
— Oui, c’est ça.
— Ah ? vous êtes sûr ?
— En fait non, je m’appelle Guttierez.