Je fixai le petit homme devant moi.
— Comment diable pourriez-vous faire cela ?
— Comment ? Comment ? Mais... très simplement. Je puis... faire vivre une histoire, la faire apparaître, la rendre réelle : la vision, le son, l'odeur, le goût... tout !
— Le toucher ?
— Si votre intérêt est éveillé, votre esprit le fournira.
Il paraissait tout excité. Ses yeux flamboyaient.
— Voulez-vous essayer ?
J’hésitai une seconde encore, et puis une étincelle jaillit en moi.
— Après tout, pourquoi pas ? ai-je grommelé.
Je me levai. Mon étrange compagnon, debout lui aussi, m'arrivait à peine à l'épaule.
Un drôle de petit bonhomme, en vérité – un gnome, pensai-je en le suivant le long de l'allée du Parc.
Il marchait vite devant moi, avec un curieux balancement de ses bras et de son torse. A un moment, il se retourna et me regarda. Un sourire illumina son visage. Je trébuchai sur une pierre pointue. Quand j'eus retrouvé mon équilibre, je relevai la tête. Le bonhomme avait disparu.
Il y eut un moment de chaos. Devant mes yeux, une brume laiteuse me masquait le contour des choses. Je perçus une espèce de brouhaha. Je levai la main, comme pour arracher un masque, mais des formes émergèrent dans le brouillard. Des choses géantes rampaient et se tordaient.