La scène se stabilisa. La blancheur se dissipa comme de la brume en été.

 

Incrédule, je contemplais une forêt. Mais quelle forêt ! Incroyable, surnaturelle, magnifique. Des troncs lisses se dressaient, inconcevablement droits, vers un ciel éclatant. C'étaient des arbres étranges, des arbres d'un autre âge, comme issus du carbonifère. Un feuillage diffus se balançait à des hauteurs vertigineuses ; je distinguais ses teintes brunes et vertes.

Il y avait des oiseaux, du moins le semblait-il : j'étais entouré de pépiements charmants, de battements d'ailes, de frottements, de bruissements souples, de légers sifflements évoquant des trompettes féeriques, bien que je ne visse aucune créature.

Je restai immobile, pétrifié. Un fragment de mélodie flotta vers moi, montant en éclats exquis, extatiques, tantôts clairs comme un tintement de métal, tantôt doux comme le souvenir d'une musique aimée et oubliée.

Pendant un instant, j'oubliai tout. Je m'imaginais... - j'étais ? - seul au milieu de ces bois ravissants.

— L'Eden, murmurai-je, et la musique de voix lointaines me répondit.