Très loin au travers du léger brouillard, je surpris un mouvement qui n'était pas le balancement du feuillage, un éclair d'argent plus tangible que de la simple brume. Quelque chose approchait. J'observai la silhouette qui se précisait, tantôt visible, tantôt cachée par les arbres ; très vite, je vis qu'elle était humaine, mais elle était presque sur moi quand je compris qu'il s'agissait d'une jeune fille.

Elle portait une robe d'un léger tissu d'argent translucide, lumineux comme la clarté d'une étoile. Un mince ruban d'argent retenait sur son front l'arc d'or de ses longs cheveux ; elle ne portait pas d'autre vêtement ni ornement. Ses petits pieds blancs étaient nus sur la mousse de la forêt, tandis qu'elle se dressait à moins d'un pas de moi, ouvrant sur moi ses grands yeux clairs. La musique ténue retentit à nouveau ; la jeune fille me sourit.

J'ouvris la bouche pour parler. Une voix inconnue, excitée, résonna à mes oreilles :

— Qui êtes-vous ?

Etait-ce moi qui avait parlé ? La voix m'avait semblé venir d'un autre, comme le son des paroles que l'on prononce lorsqu'on délire.

Le sourire de la jeune fille s’accentua.

— Je parle un peu votre langue, dit-elle d'une voix très douce, une étrange voix. Je l'ai apprise de... (elle hésita) du père de ma mère, que l'on appelle le Tisserand Gris.

La voix inconnue parvint de nouveau à mes oreilles :

— Qui êtes-vous ?

— Je m'appelle Galatée, répondit-elle. Je suis venue te chercher.

 

Je rassemblai mes idées éparses. Cette créature était-elle une illusion ? Ou avait-elle autant de réalité que la beauté de la forêt ?