Je la suivis sur le sentier de gravier, mais elle fut trop rapide pour moi ; arrivé au portail, je ne trouvai que le Tisserand Gris, debout, sévère et glacé. Il leva la main lorsque j'apparus.
- Ton temps est bref, déclara-t-il. Va, en pensant au mal que tu as causé !
- Où est Galatée ?
- Je l'ai envoyée au loin.
Le vieillard bloquait l'entrée ; un instant, je faillis le repousser, le bousculer, mais quelque chose me retint. Je me retournai, contemplai follement la prairie, les arbres... là! Un éclair d'argent au-delà de la rivière, à l'orée de la forêt. Je fis demi-tour et m'élançai en courant.
- Galatée ! appelai-je. Galatée !
J'avais franchi la rivière, je pénétrais dans la forêt, je courais entre les colonnes des arbres qui virevoltaient autour de moi comme de la brume. Le monde entier devenait nuageux. Paracosma se diluait, se dissolvait autour de moi. Dans ce chaos, je crus entrevoir la jeune fille, mais en approchant je ne trouvai rien et continuai de lancer mes appels désespérés.
- Galatée !
Au bout d'un temps interminable, je m'arrêtai ; quelque chose de familier, dans le paysage, venait de me frapper, juste au moment où le soleil écarlate atteignait le zénith. Je reconnus l'endroit, cet endroit même où j'avais pénétré dans Paracosma !
Une impression de vide affreux m'envahit quand, l'espace d'un instant, je contemplai une apparition incroyable... une sombre fenêtre suspendue en l'air devant moi, derrière laquelle brillaient des rangées de lumières électriques. Une fenêtre du café du Parc !