C’étaient des chevaliers errants… Je les voyais, au-delà de l’horizon, dans la brume envaporée de mes songes, derrière l’abîme où s’engouffrait la musique de mes souvenirs.

D’où venaient-ils ? Où s’en allaient-ils ?

 

Ils venaient de si loin, dans le fracas de leurs armures. Déchaînés, traînant du fond du ciel leurs armes, leurs vivres, tirant à longes de cuir leurs destriers de nuages, il s'en allaient, confiants pourtant, mais tellement désolés.

 

Ils venaient de si loin, dans la solitude de leurs âmes. Ils avaient traversé tant de pays, vu tant de mers, essuyé tant d'orages. Ils étaient lointains comme des dieux, et pourtant solitaires, toujours confiants dans leur étoile.

 

Ils venaient de si loin dans le silence de leurs pensées. Elles tournaient autour d'eux comme anges déchus, s'installaient dans leur tête, n'en voulant plus partir. Leurs pensées attendues, bien qu'importunes, étaient pensées de sel et eau, de roches et vents, d'attentes, d'espoirs, d'espérances. Embarrassantes, ils ne savaient qu'en faire. Ils allaient, solitaires et fatigués, si las de tant penser.

 

Ils venaient de si loin, dans le bruit inattendu de leurs regrets.

Ils venaient de si loin, dans le silence feutré de leurs remords.