Je me levai, péniblement.
— Okay, okay, je ne reste pas là.
Je m’étirai, m’adossai au parapet. Je les dépassais d’une bonne tête. Ils étaient là, à me regarder, sourcils froncés.
— T’as des papiers ?
— Rien ne vous autorise à me tutoyer.
Je frottai mes vêtements de la main, remis un peu d’ordre dans ma tenue. J’attrapai ma CNI plastifiée dans la poche de ma veste, la tendis aux dignes représentants de l’autorité.
Le plus petit des deux s’en empara, l’autre se pencha dessus, tout en décrochant son radio-émetteur. Grésillements, friture. Il se mit à crachoter mon nom dans le micro. Echanges passionnants avec le Central.
Je regardais le fleuve, vingt mètres plus bas. L’eau claire courait, brillante, chargée de reflets, comme une jeune fille éperdue.
J’avais mal au crâne. Printemps… Pourquoi est-ce que je pensais au printemps ? Pourtant, on n’était pas au printemps… Certes non, il n’y avait pas de risque : je savais que le printemps – mon printemps – ne reviendrait jamais. Et je ne savais que trop bien pourquoi.
— Ça va, pouvez circuler.
Je remis ma carte en poche, en les regardant s’éloigner. Ils se déhanchaient comiquement, les pouces au ceinturon, faisant balancer leur bâton d’assaut.
Qu’est-ce que j’allais faire, maintenant ?
Tiens, il y avait une drôle de porte, dans le mur derrière moi. Je la poussai.