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Jamais dans ma vie,
roman, |
Un jour – il y a seize ou dix-sept ans – il avait demandé : « Si elle te questionnait, si elle venait à toi et te questionnait, te disait qu’elle veut savoir, qu’est-ce que tu dirais ? - Je lui demanderais ta main. Tu crois qu’on peut demander la main d’un homme à sa femme ? Parce que tu es un peu vieux pour que je m’adresse à ta mère ». Qu’est-ce que j’aurais bien pu vous dire ? La question ne se posait pas et il n’était pas question qu’elle se pose : hors de question d’envisager une seule seconde une confrontation de vous à moi.
Les confidences finissent
pourtant par se faire. Nous parlions donc. Il fallait parler beaucoup. Des mots et des mots, qui disent sans dire. Torrents qui se déversent, emportent l’essentiel, tentent de noyer le désir qui ne doit pas se dire, l’animent et le raniment. C’était gai. Toujours. Beaucoup de rires. Il parlait, je parlais, il riait, je riais. Et puis, le silence soudain. Le torrent se faisait mare à canards. N’emportant plus rien. Mots perdus dans la tension des corps qui se raidissaient, gauches et retenus. Les yeux qui se baissaient. Les mains retenues dans leur élan pour se tendre. Pas assez forts, les mots. Moins forts que les corps qui réclament et finissent toujours par avoir le dessus.
Un jour, l’homme ne se refuse
plus. Forcément.
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